vendredi 30 mai 2008

WANTED (Millar / Jones) | TOP COW


! Spoiler !
Voilà une des créations que les labels autres que Marvel et DC peuvent nous proposer: WANTED, orchestré par Millar au scénario et Jones au dessin. Je veux parler de ces créations moins politiquement correctes, assez caustiques, voire cyniques, qui nous arrachent des sourires horrifiés, comme The Boys.

Wanted est moins trash que The Boys mais n'en est pas moins bien réussi.


Voilà un monde où tous les superhéros ont disparu, ces empêcheurs de tourner en rond qui ne réussissaient contre les vilains que parce que ces derniers étaient trop bêtes pour ne pas s'allier. Pour une fois, les vilains se sont unis, ont balayé les héros de la surface du globe depuis les années 80, ont fait oublier à la population mondiale l'existence des superhéros ainsi que la leur, se sont partagé le monde en cinq familles et oeuvrent dans l'ombre impunément. Toutes les forces de l'ordre, quelles qu'elles soient, s'écartent devant les porteurs d'un certain insigne.


Dans ce contexte, un jeune homme paumé, martyrisé, malheureux de sa petite vie, se voit kidnappé, entraîné puis révélé que son père était un supervilain. Son pouvoir: un codage génétique qui lui permettait de prévoir à l'avance tous les coups de ses adversaires; ce qui en faisait un redoutable tueur et un garde du corps idéal pour le groupe de vilains d'Amérique du Nord. Le fils est donc embrigadé à son tour, se découvrant des capacités jusqu'alors cachées car non sollicitées...


Ce qui fait aussi l'efficacité de ce comic book composé de six épisodes, c'est sa parodie des différents personnages que l'on peut croiser chez Marvel et DC, mais en version ridicule ou dévoyée: Spider-Man, Carnage, Batman, le Joker, Cat Woman... Le personnage le plus étrange étant sans nul doute cet amas vivant de déjections humaines, capable d'affronter et tuer ses adversaires en les infectant de divers maux gastriques...


Au fait, Wanted existe en français et sortira en film sur les écrans le 16/07/2008, avec Angelina Jolie, James McAvoy et Morgan Freeman.


images © Top Cow Productions

samedi 10 mai 2008

RG: Riyad-sur-Seine (Dragon / Peeters) Prix Angoulême Essentiel 2008

Une BD française sympathique: "RG" en est à son deuxième opus. Gallimard propose ici de suivre des enquêtes menées par Pierre Dragon, membre des Renseignements Généraux.Le policier passé non pas derrière la caméra, mais derrière les bulles, livre des bribes de sa vie aux RG, que Peeters se charge de mettre en images. Du coup, l'ensemble tient à la fois du journalisme que de la bande dessinée; bref, une sorte de docu-fiction transposée aux cases et aux phylactères.
Le résultat n'est pas lourd du tout, comporte sa dose d'humour, et surtout se livre à nous avec un accès de sincérité indéniable, quoi qu'en dise comicsreporter.com . Evidemment, Pierre Dragon ne peut pas tout révéler et certaines scènes peuvent sembler un peu cliché, mais il faut bien faire quelques coupes par ci par là pour ne pas faire 1500 pages. D'où quelques scènes un peu vite amenées. Comicsreporter.com trouve ainsi ridicule l'arrivée brutale de Dragon à l'ambassade américaine. C'est effectivement un exemple de raccourcis opérés dans l'histoire, et la réalité a été sans doute un peu pluc compliquée que cela. Ne pas oublier toutefois, que nous évoluons dans le monde du renseignement, à la limite du contre-espionnage, et que toutes sortes de liens, réseaux, entraides peuevent exister en-dehors du formalisme du code pénal...

Côté dessin, le style de Peeters ne donne pas dans le trait diaboliquement précis et soucieux de se rapprocher d'une photo, par exemple. En fait, ce style "main levée" sert magnifiquement l'histoire, nous plongeant dans l'instantanéité de l'action, dans le présent. On n'a pas l'impression d'assister à la représentation d'une histoire passée, mais plutôt de participer à une intrigue en train de se dérouler.
Fans de BD polar, il vous est interdit de louper RG. Surtout quand on reçoit le prix



images © Gallimard

mercredi 7 mai 2008

ALL-STAR BATMAN & ROBIN: The Boy Wonder

! SPOILER !
Quand DC décide de réunir des super-stars du comics sur ses titres phares, cela donne un All-Star Superman et un All-Star Batman: The Boy Wonder de toute beauté. Pour l'heure, arretons-nous sur le Batman / Robin.

D'accord, Batman on commence à connaître, et puis le petit merdeux qui l'accompagne dans son slip de bain ça fait un peu has been. Le couple Batman / Robin est souvent utilisé comme caricature et ça fait doucement sourire.

Oui mais voilà; on ne parle pas de n'importe qui, ici. Jim Lee et Frank Miller c'est du solide et ça promet du grand spectacle.

Oubliez le petit niaiseux bariolé et le grand dadet en noir reclus dans sa cave et tournez les pages du All-Star: Batman est un cinglé à la limite du psychotique et on a vraiment envie de baffer le petit Robin, en avouant tout de même que ce môme de 12 ans a une sacrée répartie.

Le bal est ouvert par Bruce Wayne qui invite la journaliste Vicky Vale à une sortie "cirque". Et oui, le cirque est de passage en ville, ça vaut bien le détour en limousine, non ? Alors que le numéro d'acrobate de la famille Grayson bât son plein, un méchant monsieur abat les deux parents, laissant le petit Dick, 12 ans, seul sur la piste devant le cadavre de ses père et mère. Bruce Wayne n'a que le temps de se changer, de gazer le vilain et de brutalement jeter le mioche dans la Batmobile avant que des policiers douteux ne commencent à tabasser Dick après l'avoir emmené à l'écart.

Batman s'enfuit avec Dick et toute la conversation qui a lieu dans la Batmobile vaut le détour: l'Homme Chauve-souris est à la fois impressionné par le gamin et agacé au plus haut point. Dick Grayson le lui rend bien, balance quelques vannes bien senties à son kidnappeur, bref, Batman n'apparaît pas sous son meilleur jour.

C'est cette mauvaise impression qui pourrait d'ailleurs précipiter sa perte, dans les mains de la Justice League de l'époque, uniquement composée alors de Plastic Man, Green Lantern, Superman, Wonder Woman. WW veut tuer Batman, Superman veut l'arrêter, GL et Plastic Man veulent le raisonner.

Batman vole au secours de Black Canary qui se trouvait confrontée à des malfaiteurs bas de gamme, parmi lesquels se trouve Jocko-Boy, le meurtrier des parents du petit Grayson qui avait réussi à filer. Batman embarque Jocko-Boy ficelé comme un rôti de porc et l'amène à Dick afin qu'il fasse un choix: le tuer ou le livrer à la police (devenir un meutrier - vigilante ou un détective). Dick épargne Jocko-Boy et lui arrache le nom de son emplyeur: Joker.

Dick se fait un costume, accepte de combattre le crime auprès de Batman, et tous deux se rendent au RDV fixé par Green Lantern pour discuter. Autre facette peu reluisante, Batman embobine GL en lui faisant croire sans subtilité que ce petit gamin masqué à côté de lui n'est pas Dick Grayson. Batman se fout ouvertement de la g....le de GL, mais lui montre un journal où Dick apparaît libre et donnant une conférence de presse. Donc Batman n'a lenlév personne ! CQFD ! GL se prend une dérouillée alors que la conversation dégénère, et Dick manque de tuer GL (tout a été repeint en jaune dans la pièce, y compris Batman et Robin). Batman sera obligé de pratiquer une trachéotomie sur Hal Jordan qui suffoque...


Perspectives: le Joker propose un partenariat à Catwoman contre Batman, Black Canary et Batman couchent ensemble... il y a encore de l'avenir dans l'histoire de cette série. Les dessins de Jim Lee sont parfaits et l'histoire concoctée par Frank Miller lui ressemble bien.

Par contre, le rythme de sortie est désespérement long. A l'origine conçue comme un série bismestrielle, nous n'en sommes qu'au numéro 9, et le numéro 10 a été retardé...


images © DC

vendredi 2 mai 2008

THE BOYS (Ennis)

! SPOILER !

Garth Ennis n'est pas une personne fréquentable. Preuve en est ses "Boys", publié chez Dark Horse. Dans le même état d'esprit que Civil War ou Hunter Killer, l'idée principale est que les super-héros sont des super-péquenots imbus d'eux-mêmes et de leurs pouvoirs qui se croient tout permis.

On apprend d'ailleurs que la plupart de ces héros n'ont obtenus leurs pouvoirs que par injection d'une drogue spéciale altérant définitivement leur génôme. Bref, des imposteurs.

En face, une équipe est constituée, sous financement de la CIA, pour endiguer les débordements auxquels se livrent les héros.

Jusque là, rien de bien effroyable, me direz-vous.

Jusque là, effectivement. C'est ensuite que ça se gâte:

- qui compose l'équipe ? une association pour le moins flippante: un type qui adore tabasser les héros et accompagné d'un chien qui adore se faire les chiens des autres, un type dont la petite amie vient de se faire arracher les bras et mourir pour cause de transformation en bouillasse sanglante à cause d'un vilain, un français bien barré, une asiatique psychotique qui ne dit pas un mot...

- qui sont les héros ? il s'agit des équipes mondialement célèbres, avec force clins d'oeils de la part d'Ennis

- que font-ils ? ils passent leurs soirées dans des bordels pour super-héros où les filles ne restent jamais longtemps (dur dur de se faire choper en permanence par des types peut-être un peu trop forts si vous voyez ce que je veux dire), alternant les partenaires, laissant libre cours à leurs perversions sexuelles, faisant passer des rites d'intrônisation à la limite du viol aux nouveaux membres...

Bref du lourd, du très lourd, puisque les dessins n'épargnent rien. Il n'y a pas de doute sur ce qu'il se passe. Voilà de quoi faire de "The Boys" une série hors normes et à ne pas mettre entre toutes les mains.


images © Dark Horse