mardi 3 août 2010

STEPHEN KING "N" (Guggenheim / Maleev) La folie est-elle contagieuse ?

Marvel aime adapter des œuvres littéraires en comics. Elle a déjà prouvé qu'il était possible d'adapter des romans de Stephen King de manière cohérente, avec de la qualité, et ainsi attirer un véritable public. C'est le cas des séries consacrées à la Tour Sombre et au Fléau.
Ce sont des titres où il y a une vraie narration, que l'on peut suivre facilement pour le Fléau, ou que l'on peut créer aisément grâce à tous les jalons posés par S.King dans les volumes de la Tour Sombre.

Marvel a récemment relevé un nouveau défi. Toujours tiré des oeuvres de l'auteur américain, est-il possible d'adapter en comics une histoire très courte et hautement psychologique ? Car si Stephen King est connu pour ses romans et ses polars, il est aussi connu pour la dimension psychologique qu'il intègre à toutes ses histoires. Souvent élément indispensable pour bien entrer dans l'intrigue, cette psychologie est le principal personnage de "N".

La folie peut-elle être contagieuse ? A travers le journal d'un psycho-thérapeute, le lecteur est amené à se poser la question, de manière presque angoissante. Un homme se présente au cabinet du thérapeute avec un cas de troubles obsessionnels compulsifs qui lui gâchent la vie. Il pense par ailleurs que ce TOC lui a été "transmis". Photographe amateur, il se perd dans le Maine et remarque un alignement de pierres dressées dans un champ. Il remarque aussi qu'il n'y en a que 7 à l'œil nu, mais 8 quand on les regarde à travers un objet, comme son appareil photo par exemple. Or il finit par ressentir au fil du temps des angoisses qui le poussent à venir sans cesse vérifier, et plus particulièrement à certaines périodes, qu'il y a bien 8 pierres et non pas 7, persuadé que dans le cas contraire, quelque chose pourrait en sortir. Seul un certain rituel permet de s'en assurer, qui a tout l'air du trouble obsessionnel compulsif.

Au fil du temps, il s'est retrouvé à compter tout ce qu'il croise, analyser certains chiffres comme mauvais, et d'autres comme bons, et placer des objets en cercle comme les pierres dans le champ.
Tous les précédents propriétaires du champ ou protecteurs des pierres (ceux qui se trouvent d'une manière ou d'une autre en possession de la clé de la barrière en déterminant l'accès) sont morts suicidés ou presque.  Malgré sa qualité d'homme de science, le thérapeute se trouve peu à peu ébranlé par ce que lui raconte son patient...

De manière assez surprenante l'angoisse des personnages, la montée de la tension, jusqu'au dénouement final, sont très bien représentées. L'écriture est percutante, elle s'adresse parfaitement au lecteur qui s'y trouve mêlé malgré lui, ce qui était bien sûr le but recherché.
La narration est confortée par les dessins particuliers de Maleev, à la fois précis et vagues. Le trait est sûr: on reconnaît facilement les personnages, les amateurs de véhicules reconnaissent sans problème les marques et les modèles, les contours sont nets. Le côté plus vague intervient davantage au niveau des couleurs, souvent dégradées, mouchetées, rarement unies. L'atmosphère est sombre et pesante. Le lecteur évolue dans l'antre du mystère et de la folie: le patient a-t-il raison, est-il dément, pourquoi nous ressemble-t-il tant ? Les personnages sont banals, tout le monde peut s'identifier à eux.

Le pari semble donc réussi pour cette nouvelle adaptation d'une histoire de Stephen King.


Note: 4/5
Images Marvel

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